Marchés publiques, soustraitance dans les mines, transfert des connaissances, Knight-Piésold Consulting…

Marchés publiques, soustraitance dans les mines, transfert des connaissances, Knight-Piésold Consulting…
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Entretien exclusif avec Denis Kalondji Ngoy, Directeur Général de KnightPiésold Consulting RDC et vice-président de la Chambre des mines.

En marge des préparatifs de la conférence sur les Femmes de la RDC et de la RSA dans les mines co-organisée par le SA-DRC Business Forum et le Consulat Général d’Afrique du Sud à Lubumbashi, à laquelle son entreprise a pris part activement pour sa réussite, Denis Kalondji s’est confié notre rédaction à ses vastes bureaux du quartier Golf.

MINING NEWS MAGAZINE : Denis Kalondji, vous êtes actionnaire majoritaire de Knight Piésold Consulting RDC. Comment avez-vous tenu avoir cette franchise pour devenir indépendant de la tutelle de la République Sud Africaine?

DENIS KALONDJI NGOY : Merci pour cette question. C’est vrai que ça n’a pas été facile lorsque nous avons décidé de prendre la direction de la société Knight Piésold consulting et la ramener en RDC. La première chose c’est la détermination. Vous savez lorsque vous avez une société comme Knight Piésold qui travaille avec les standards internationaux notamment le standard ISO, il était important pour moi de relever le défi qui consiste en tant que congolais à travailler et rendre les services suivant les normes internationales.

La philosophie même de la société Knight-Piésold est que dans chaque pays, elle doit travailler qu’avec les nationaux et elle doit être entre les mains des nationaux. C’est ainsi que Knight-Piesold travaille au transfert des connaissances, ce qui fait même la force de la société elle-même. Entre la société Sud-Africaine Knight-Piesold et Knight-Piesold RDC, nous signons un contrat d’assistance, donc Knight-Piesold nous pousse être autonome dans un pays jusqu’à connaitre le succès dans le pays. Si vous n’avez pas de succès, Knight-Piesold ferme ses portes. Donc dans les pays qui ne connaissent pas de progrès et où le directeur général est actionnaire mais ne fournissant pas d’efforts pour grandir normalement, Knight-Piesold vous retire cette franchise. Et donc pour moi, c’est d’abord la détermination, la croyance dans ce que je fais et la confiance dans mon pays, un pays qui a énormément d’opportunités et que l’outil Knight-Piesold est un outil de valeur qu’il fallait absolument mettre au service de la construction de mon pays. Cela demande de créer un climat de confiance entre vous et les partenaires, comme vous le savez, ce n’est pas simple de créer ce climat de confiance entre les partenaires qui souvent sont des étrangers, surtout les investisseurs dans le secteur des mines. Lorsqu’il y a un congolais qui travaille avec des normes internationales et qui est assisté par une expertise globale, je peux le dire ainsi parce que Knight-Piésold RDC est une entreprise locale mais avec une expertise globale, cela crée beaucoup de confiance et de crédibilité chez les partenaires.

MNM : Est-ce qu’aujourd’hui vous avez du personnel qualifié pour répondre au besoin des clients actuels et potentiels sans recourir aux sud-africains?

DKN : Merci beaucoup pour cette opportunité que vous m’accordez. C’est une très bonne question parce que vous êtes parmi les personnes qui ont vu naitre cette société et qui l’ont encouragée. Au début, j’étais tout seul mais aujourd’hui j’ai une équipe de quinze ingénieurs qui travaillent pour Knight-Piesold RDC et ce chiffre est croissant ; d’ici la fin de l’année nous aurons plus de vingt ingénieurs géologues, métallurgistes, miniers, électriciens, environnementalistes, chimistes qui travaillent pour Knight-Piesold RDC. Oui, aujourd’hui nous avons des ingénieurs et continuons à en avoir besoin parce que l’entreprise grandit et je suis heureux de vous dire que les ingénieurs congolais sont utilisés par Knight-Piesold au niveau mondial pour superviser des projets en dehors de notre pays.

MNM : Dans quels pays par exemple?

DKN : Je cite le Sénégal, la Zambie et le projet de l’Equateur est en cours, c’est en Amérique latine. Donc lorsque nous avons des ingénieurs congolais qui sont utilisés par Knight-Piesold au niveau international, ça signifie que nous sommes crédibles, et que nous sommes une société congolaise qui marque la différence. Aujourd’hui, grâce à ces ingénieurs qui vont travailler en international, Knight-Piesold RDC facture et nous ramenons des devises dans notre pays grâce à eux.

MNM : Quels sont les grands clients qui vous font confiance aujourd’hui?

DKN : Aujourd’hui, les clients qui font confiance à Knight-Piésold RDC et ce n’est pas de la publicité, je peux les citer parce que ce sont nos partenaires, sont principalement les entreprises KCC et Mumi du groupe suisse Glencore, vous avez Metalkol du groupe kazakh ERG qui font confiance à Knight-Piésold RDC. Je signale qu’un projet comme celui de Metalkol est totalement conçu, développé par Knight-Piésold RDC, sans assistance de l’extérieur.

Nous avons MMG qui nous fait confiance, il y a également TFM qui nous a consulté dans beaucoup des domaines. Nous avons dans un secteur qui n’est pas minier, Kipay Investments dans l’hydroélectricité et le solaire nous (Knight piésold RDC) a confié la réalisation de centrale hydroélectricité de Sombwe d’environ 160 Mégawatts sur la rivière Lufira dans le territoire de Mitwaba. En dehors de ces sociétés-là, nous avons signé un mémorandum d’entente avec la MIBA (Minière de Bakwanga) pour la réhabilitation de la centrale de Tshiala. Nous sommes en pourparlers avec quelques sociétés de l’Etat pour la réhabilitation de leurs infrastructures dans le domaine de rails, ports, de ponts. Donc aujourd’hui Knight-Piesold RDC est une société qui est de plus en plus connue et très appréciée dans les services que nous rendons aux différents partenaires. Et j’aimerais dire qu’avec la présence de Knight-Piesold RDC dans le domaine de la consultance pour les services d’ingénierie, la RD Congo n’a plus besoin d’aller à l’extérieur chercher l’expertise. Nous sommes là. Nous sommes des locaux et nationaux avec une expertise globale, que ce soit dans le domaine des mines, de l’énergie, gestion des eaux, centrales hydroélectriques, infrastructures, routes, les ponts et ports, les chemins de fer, les structures en béton, les charpentes métalliques, l’environnement, pétrole et gaz. Toutes les études peuvent être faites en RDC par Knight-Piésold RDC.

MNM : Et la loi sur le sous-traitance vous profite-t-elle dans le secteur minier en RDC?

DKN : Il y a beaucoup des choses à dire sur la loi sur la sous-traitance.

MNM : Est-ce facile pour vous d’accéder aux marchés?

DKN : Pour aller tout droit au but, l’accession aux marchés est toujours un combat, c’est toujours des négociations. Il y a des choses qu’il faut améliorer. Knight-Piesold est à 100% dans la sous-traitance. Donc au niveau de l’accession aux marchés, il faut se battre très fort mais on aurait souhaité qu’il y ait beaucoup plus de transparence dans l’octroi des marchés aux sous-traitants congolais parce que la loi donne priorité aux congolais, ce qui est une bonne chose mais la concurrence devrait être transparente dans cet octroi des marchés. Et aussi le fait que la loi sur la sous-traitance demande que le partenaire, lorsqu’il a gagné un marché qu’il y ait un préfinancement de 30% qui ne se fait pas malheureusement. Ce qui est une faiblesse et limite en fait l’action de beaucoup de sous-traitants congolais. Normalement, l’ARSP devait intensifier son travail sur terrain pour voir comment se déroule la passation des marchés. Et il y avait eu une conférence organisée à l’Hôtel Karavia sur la sous-traitance, la Gécamines par exemple nous avait dit que 30% des marchés dans les JV devaient lui être donnés pour les confier aux sous-traitants congolais, c’était un mécanisme simple. Il y a beaucoup d’améliorations à faire dans la loi mais c’est déjà un acquis, un élément important que les congolais puissent entreprendre, créer leurs entreprises et se battre avec les autres. Les congolais doivent fournir beaucoup d’efforts pour travailler avec les normes parce qu’un minier a un programme qui demande qu’on l’exécute selon les normes. Alors à ce niveau-là, moi je pense que ce sont des efforts que les entreprises de sous-traitance congolaises devraient absolument faire.

MNM : Vous êtes membre impliqué et influent de la FEC, n’y a-t-il pas moyen au niveau de la FEC de parler sincèrement de la sous-traitance?

DKN : Je suis administrateur de la FEC au niveau national, viceprésident de la chambre des mines en charge de l’entreprenariat et président des petites et moyennes entreprises. J’aimerais dire qu’il y a énormément des rencontres de formations sur la sous-traitance et petites et moyennes entreprises (PME) organisées par la FEC parce que celle-ci a fait des PME sa priorité. Ce sont des PME qui luttent efficacement contre le chômage par exemple et l’économie d’un pays connait son succès par les PME que le pays aide à se développer, ça c’est une première chose. Une deuxième chose, en parlant des PME. L’effort est à fournir de part et d’autre, du côté du gouvernement qui doit améliorer le climat des affaires et permettre aux congolais d’entreprendre notamment en mettant en place des mécanismes d’accompagnent ; je vous dis aujourd’hui il est très difficile à une PME congolaise d’opérer lorsqu’il n’y a pas de mécanismes de financement. Donc, il faudra qu’il y ait une banque d’investissements, par exemple. Vous avez le 1,2% qui nous sont retenus à la source sur nos factures et qui sont versés à l’ARSP, vous savez qu’il y a le FOGEC qui doit être opérationnel, je sais pas comment ça fonctionne. C’est quelque chose que le gouvernement devra mettre en place d’une manière efficace pour accompagner les PME. D’autre part, vous avez les entreprises donneuses d’ordres, qu’elles soient minières ou autres qui doivent aussi comprendre aujourd’hui qu’il faudra ouvrir les marchés aux sous-traitants congolais. C’est comme ça il y a eu un atelier organisé du 04 au 06 Avril sur la sous-traitance et les entreprises donneuses d’ordres. L’année passée, nous avions organisé plusieurs ateliers entre les miniers et les sous-traitants. Au niveau de la chambre des mines, le souci est de voir réellement les entreprises minières donner des marchés aux PME développées par les congolais dans le cadre de la loi sur la sous-traitance. C’est comme ça qu’il y a un club de sous-traitants qui a été initié à l’intérieur de la Chambre des mines. Il est sorti officiellement, on le structure encore davantage pour qu’il soit performant, efficace et puisse capter les marchés. Donc, le travail du côté de la FEC, de la chambre des mines c’est de dire comment rendre nos PME crédibles vis-à-vis des entreprises minières parce que la remarque faite par les entreprises en rapport avec les 30% de préfinancement est qu’il y a des gens qui ont eu ces 30% et n’ont pas exécuté les marchés. La réaction à mon niveau, au niveau des PMEs de la Chambre des mines, c’est de dire oui mais vous avez donné ce marché, est ce que vous savez si ces gens étaient membre d’une corporation professionnelle FEC, FENAPEC, COPEMECO etc. Est ce qu’on donne les marchés aux entrepreneurs qui sont membres d’une corporation professionnelle ou pas? Ce critère-là pouvait permettre quand quelqu’un prend l’argent, la corporation est informée et s’il n’exécute pas le travail, on peut se plaindre à la corporation. Sinon, ne venez pas nous dire qu’on ne donne pas l’argent parce que vos membres ne sont pas crédibles. Voilà ça c’est une chose. Au niveau de la sous-traitance, le plus grand marché n’est pas chez les privés, le plus grand marché c’est le marché public. A ce niveau-là, encore dans le discours sur la présentation des vœux du Président provincial du Haut-Lomami de la FEC, il est revenu devant le gouvernement sur la passation des marchés publics. Nous, la FEC, avions demandé que ces marchés publics soient divisés en lots. Prenons l’exemple d’une route de 100 km segmentée et donnée à autant d’entrepreneurs, dix par exemple. Là, on va voir les congolais capables de se mobiliser chacun pour réaliser ses kilomètres. Mais au moment où nous comme une société qui peut faire le design pour la route, les travaux de géotechnique de la route, les études environnementales sur la route, nous superviserons la construction et les congolais réalisent 10 Kilomètres.

Le Congolais qui aura correctement réalisé 10 kilomètres, on lui donne encore 10 kilomètres. Mais celui qui n’a pas réaliser, fera tout pour réaliser s’il est assisté par un bureau d’études sérieux, il va le réaliser parce qu’il va faire la route selon le design. Il sera assisté par le bureau d’études par une société comme Knight-Piesold RDC et en supervisant la construction, nous transférons nos connaissances et aider à absorber la main-d’œuvre actuellement au chômage comme des mineurs artisanaux et autres. Regardez l’étendue du Congo, si on pouvait travailler ne fût-ce que les routes, les congolais savent construire facilement 10kms. Regardez à Lubumbashi, quel est le tronçon d’une avenue qui est restée intacte depuis les années 1970? C’est l’avenue Sendwe, le tronçon entre les avenues des Usines et Moero. On a vu un zaïrois de l’entreprise ‘’Sol Dur’’, monsieur Mukendi, paix à son âme, se casser en mille morceaux, travailler avec des brouettes et réaliser 500 mètres de route increvable. Mais malheureusement quand il a fini la route, on ne lui avait plus encore donné 500 autres mètres à construire. Voyez-vous? Moi, je demande à l’Etat congolais c’est de faire confiance aux entreprises congolaises. Aujourd’hui, il y a de l’expertise. S’il y a de chemins de fer à construire, on va demander à des grandes entreprises de le faire car les congolais n’ont pas encore de l’expertise de ce secteur mais à Knight-Piesold RDC, nous avons l’expertise de faire des études et le design d’un chemin de fer.

MNM : Est-ce que l’ARSP vous accompagne-t-elle sur ce chapitre?

DKN : Non, auprès de l’Etat ce n’est pas l’ARSP, il y a toute une loi sur la passation des marchés publics et là nous demandons réellement que si les autorités congolaises veulent soutenir les PME, il faut une passation des marchés dans le domaine public qui soit transparente. C’est clair et net. Deuxièmement, il faut comprendre que l’ARSP est une institution jeune qui n’a pas dix ans d’existence. Elle a quatre ans, je pense. Depuis que la loi sur la sous-traitance est là, les mesures d’application sont venues longtemps après. On a mis en place le comité et le conseil d’administration en retard. Moi, je pense qu’ils ont fait un grand pas à ce jours et faisons confiance à cette institution.

MNM : Est-ce qu’elle vous accompagne?

DKN : L’ARSP ne nous donnera pas les marchés. Là, il faut qu’on se mette d’accord. Elle doit mettre en place des mécanismes, faire la police. Je l’ai dit au départ, donc le rôle de cette institution est de veiller société par société que les marchés soient attribués correctement et aux entreprises congolaises, aux PME développées pars les congolais, en majorité congolaises. C’est ça son rôle et ils doivent le renforcer. Nous leur donnons de l’argent sur chaque contrat gagné, ils doivent suffisamment engager des inspecteurs pour être dans les entreprises et contrôler si la loi est appliquée. Mais attribuer les marchés ce n’est pas l’ARSP et que tous les entrepreneurs ne soient pas dans une confusion. Les gens disent je suis membre de l’ARSP, donc celle-ci doit me donner les marchés ; là il faut clarifier les choses. Nous devons travailler nousmêmes en tant qu’entrepreneurs oui, Knight-Piesold RDC est une société jeune en RDC mais elle est outillée pour exécuter bien tout contrat qu’elle gagne et tout marché que l’Etat lui attribuera en bonne et due forme.

MNM : Vous avez combien des femmes aujourd’hui?

DKN : En RDC, nous avons deux femmes et on est entrain d’engager d’autres parce que chez nous c’est la compétence, et nous faisons attention à la dimension Genre. Notre département de l’environnement est piloté par une femme maintenant et ici.

MNM : Vous avez dit avoir un programme de formation de transfert des connaissances?

DKN : Alors, là c’est la force de Knight-Piesold, le ‘’Skills transfert’’ comme on le dit en anglais. Vous voyez énormément des sud-africains venir, au fait ils ne viennent pas travailler, ils viennent accompagner les congolais sur terrain, ils viennent voir si réellement nous travaillons toujours sur les normes et selon les standards du groupe. Aujourd’hui sur tous nos sites, il n’y a aucun expatrié ; que ça soit à KCC, Mumi, Metalkol ou encore à MMG ainsi qu’ailleurs, aucun blanc. C’est congolais et par des congolais. Donc transfert de connaissances est la force même de Knight-Piésold dans le monde. En Zambie vous trouverez rien que des zambiens ; en Namibie, des Namibiens.

MNM : Mais il y a aussi des congolais qui vont travailler en Zambie?

DKN : Même ici chez nous si nous constatons dans un domaine que nous n’avons pas d’expertise, nous allons engager un congolais et nous allons faire venir quelqu’un de l’extérieur pour former le congolais.

MNM : Merci pour votre temps, monsieur le Directeur Général.

DKN : Merci, Franck, d’avoir accordé à notre entreprise l’espace dans votre magazine. Il faut maitriser son sujet pour accorder un entretien à Mining News afin d’éviter de se croire devant un juge qui tient à la vérité des faits au-delà du doute raisonnable. C’est toujours mon plaisir de répondre à tes pertinentes questions directes.

Propos recueillis par Franck Fwamba et transcrits par Jeef Kazadi


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