KICO SA, Gécamines et le Cercle Vertueux

Une nouvelle usine de zinc était inaugurée le dimanche 17 novembre à Kipushi dans le Haut-Katanga, Sud-Est du pays, par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi.
Elle appartient à la coentreprise Kipushi Corporation SA (KICO), détenue par la Gécamines et le groupe Ivanhoé Mines, qui positionne la République Démocratique du Congo comme le premier pays producteur du zinc en Afrique. La dernière production de zinc dans cette mine souterraine de Kipushi dénoyée et reconstruite par KICO date d’il y a près de 30 ans par la Gécamines. Des officiels dont les ministres nationaux, sénateurs, députés nationaux et provinciaux du Haut-Katanga et plusieurs invités ont assisté à cette manifestation.
Selon les termes du contrat liant les deux partenaires de cette coentreprise, les parts sociales de l’Etat congolais connaitront une hausse et la Gécamines la récupérera dans un délai maximal de douze ans.
« Notre participation a été revue à la hausse avec une augmentation importante de nos parts sociales par rapport au partenariat initial de 2006 nous permettant de bénéficier des dividendes supplémentaires. De 32% à 38% d’ici quelques jours, et nous passerons à 43% d’ici trois ans et à 80% dans 12 ans au plus tard », a dit Guy-Robert Lukama, Président du Conseil d’administration de la Gécamines.
Il a aussi expliqué que cette mine souterraine, avant sa noyade catastrophique, produisait plus de 140.000 tonnes par an jusqu’à la fin des années 1980, employant directement et indirectement des milliers des travailleurs et contribuant économiquement et socialement à la splendeur du Shaba et de tout le pays à l’époque. Aujourd’hui, ajoute t-il, l’usine de zinc de Kico reprend vie. Cette vision ramène, d’après Guy-Robert Lukama, le meilleur succès gagnant-gagnant avec les partenaires dont Ivanhoé Mines.
Jean Lucien Busa, ministre du portefeuille a expliqué que cette usine de zinc fait désormais de la RDC le premier pays producteur en Afrique et va accroître les entrées dont le pays a besoin en plus de relancer la vie économique et sociale dans la cité minière de Kipushi.
« Cette usine fait revivre une cité qui a connu plus de 30 ans d’arrêt, une léthargie économique avec son lot de conséquences économiques et sociales. Par cet investissement, vous relancez la République démocratique du Congo dans la production de zinc et la RDC sera le premier pays producteur de zinc en Afrique ; elle permettra au portefeuille de l’État, par sa participation indirecte, d’accroître son patrimoine, ses capacités et son étendue dans la structure de l’économie congolaise. Ce projet débouchera, à moyen terme, au retour au bercail de ce joyau par la montée progressive de la Gécamines dans le capital de KICO, du transfert progressif d’actifs de 32 à 80% », a-t-il ajouté.
Pour le ministre congolais des mines, son secteur se transforme progressivement en un levier majeur de création des richesses et d’emplois pour les populations.
La mine souterraine de Kipushi, connue pour son gisement de zinc de classe mondiale représente une opportunité unique d’augmenter les recettes d’exportation et de renforcer la position du pays comme acteur stratégique sur le marché mondial des minerais.
L’ouverture de cette usine par la réouverture de la mine après des années d’arrêts témoigne de la résilience et de la confiance retrouvée des partenaires privés et publics dans l’environnement économique et juridique du pays.
La cité minière de Kipushi, située à près de 30 kilomètres de Lubumbashi et faisant la frontière avec la Zambie, verra ses activités économiques et sociales renaître au profit de la population.
Le cercle vertueux

Selon les accords liant les deux partenaires Kico, négociés par les PCA de Gécamines Albert Yuma puis Guy-Robert Lukama avec Ivanhoé, le deal ne concerne qu’un seul gisement et 12 millions de tonnes d’un seul minerai: le Big Zinc.
Ivanhoé qui gère la coentreprise et l’usine va produire le concentré de zinc d’une teneur de 55%, contenant le souffre d’une teneur de 33% de soufre ainsi que d’autres minerais dont le germanium, le cuivre, le gallium, l’argent, le cadmium, la pyrite, l’argent, etc.
Tout minerai autre que le zinc contenu dans le Big Zinc est automatiquement une propriété de la Gécamines. Pour cela il faudrait investir dans un smelter des unités de transformation.
Kico reviens reviendra à la Gécamines dans 12 ans au maximum ou dès que les 12 millions de tonnes de minerais de Big Zinc sont consommés. Le métal de zinc n’étant pas aujourd’hui l’ambition de Ivanhoe compte tenu de la demande et de certaines contingences, la Gécamines devra trouver le financement pour produire le zinc métal.
La concentration libère le souffre d’une teneur de 33% et l’acide sulfurique qui seront l’ingrédient principal pour l’engrais.
Dans sa mise en pratique de ‘’la vengeance du sol sur le sous-sol’’ voulue par le Président de la République FA Tshisekedi, la Gécamines va construire avec son partenaire marocain OCP, l’Office Chérifien du Phosphate, dans le Haut-Katanga une grande usine d’engrais chimique par la Gécamines pour la relance de l’agriculture par sa filiale la ‘’Nouvelle Gécamines-Développement’’ qui détient aujourd’hui plus de 30.000 hectares de terre arable dans le Haut-Katanga et le Lualaba et une semencière dans la province du Haut-Lomami ainsi que deux grandes minoteries dont celle de Kakontwe à Likasi et une nouvelle acquise à Lubumbashi qui est la plus grande minoterie de l’Afrique centrale.
Les deux hauts responsables de cette entreprise publique, Guy-Robert Lukama et Placide Nkala, avaient signé un Protocole d’accord avec les responsables de l’OCP à Kinshasa en octobre 2023.
‘’Au lieu de stocker le soufre comme un déchet toxique, nous le convertissons en engrais utile pour la République Démocratique du Congo, c’est un cercle vertueux’’, a confié le PCA Guy-Robert Lukama à Mining News Magazine.
En plus d’une imposante nouvelle minoterie et plusieurs hectares de terre récemment acquis sous le leadership de messieurs Lukama et Nkala, la Gécamines a aussi acquis une ferme avicole, une des grandes du pays située dans la banlieue de Lubumbashi non loin de la minoterie dont certains déchets serviront aussi d’aliments aux poules pondeuses, alors que leur fiente est utilisée comme fertilisant naturel l’agriculture et les jardins potagers. Réellement un cercle vertueux autour de Kico et de l’agropastorale.
Par Franck Fwamba et Blandyne M.